Aujourd’hui, je vous parle d’un sujet parfois minimisé, mais essentiel lorsqu’on vit avec l’épilepsie ou qu’on accompagne une personne concernée : l’alcool.
🍷 Pourquoi l’alcool pose problème en cas d’épilepsie ?
Même consommé en petite quantité, l’alcool agit directement sur le système nerveux central. Il modifie l’équilibre des neurotransmetteurs, perturbe le sommeil profond, irrite le foie (organe clef de la détoxication du cerveau), et provoque des pics glycémiques suivis de chutes brutales.
Autant de facteurs qui peuvent affaiblir le seuil de déclenchement des crises.
Ce seuil, c’est la capacité du cerveau à rester stable malgré les stimulations. Quand il est affaibli, les crises sont plus faciles à déclencher.
Les effets les plus fréquents de l’alcool chez les personnes épileptiques :
- Apparition ou augmentation des crises après consommation
- Sommeil perturbé (surtout en phase de récupération)
- Interactions avec les traitements antiépileptiques
- Hypoglycémies, maux de tête, anxiété, fatigue nerveuse
- Inflammation de bas grade (foie, intestins, cerveau)
On parle souvent des effets de l’alcool sur le cerveau. Mais ses conséquences commencent bien plus tôt… dans l’estomac.
Quand on vit avec l’épilepsie, le lien entre digestion, acidité et fonctionnement cérébral est fondamental. Et l’alcool est l’un des ennemis silencieux de cet équilibre.
L’alcool, c’est un apport massif d’acides
En naturopathie, on différencie deux types d’acidité :
- l’acidité gustative (comme le citron),
- et l’acidité métabolique, c’est-à-dire les résidus acides que le corps doit tamponner et éliminer.
L’alcool fait partie des plus acidifiants :
- Il laisse derrière lui des acides acétiques, lactiques, uriques ;
- Il puise dans les réserves de minéraux alcalins (magnésium, calcium, potassium) pour être neutralisé ;
- Il surcharge les reins, le foie et le système lymphatique.
Chez une personne épileptique, cette acidification perturbe profondément le terrain : un corps acidifié est un corps plus nerveux, plus irritable, plus instable.
Que fait vraiment l’alcool à notre cerveau ?
- Il perturbe la communication neuronale
Les neurones communiquent grâce à des messagers chimiques appelés neurotransmetteurs.
L’alcool agit comme un modulateur chimique artificiel, en particulier :
- il stimule de manière excessive le GABA, un neurotransmetteur inhibiteur ;
- puis, lors de l’élimination de l’alcool, le système rebondit : le glutamate (excitateur) prend le dessus → le cerveau devient hyperexitable.
Chez une personne épileptique, ce déséquilibre peut suffire à déclencher une crise.
- Il affaiblit la plasticité neuronale
La plasticité neuronale est la capacité du cerveau à s’adapter, à apprendre, à se réparer.
L’alcool, surtout s’il est répété, diminue cette capacité d’adaptation, notamment dans l’hippocampe (siège de la mémoire et de l’équilibre émotionnel).
Conséquences possibles :
- troubles de l’humeur,
- perte de concentration,
- sensibilité accrue au stress,
- et chez les personnes épileptiques : diminution de la résilience neuronale.
- Il favorise l’inflammation neurocérébrale
L’alcool augmente la production de radicaux libres et fragilise la barrière hémato-encéphalique (la barrière protectrice entre le sang et le cerveau).
Cela ouvre la porte à des substances inflammatoires qui irritent les neurones, les rendant plus réactifs, moins stables.
Un cerveau inflammé, sous-oxygéné et mal nourri est un cerveau qui peut réagir de façon imprévisible, parfois par une crise.
Et les « petits verres » de temps en temps ?
Il n’existe pas de quantité « neutre » pour les personnes épileptiques. Même un seul verre peut suffire à déclencher une crise selon la sensibilité individuelle, le moment, ou l’état de fatigue.
Il n’y a pas de dose anodine pour une personne épileptique. Un seul verre d’alcool, surtout en période de fatigue, de stress ou de digestion difficile, peut suffire à créer un terrain acide et instable.
L’approche naturopathique : soutenir le système nerveux, pas le fragiliser
Si l’objectif est de retrouver une meilleure stabilité cérébrale, l’alcool agit à l’inverse : il perturbe, excite, enflamme. En tant que naturopathe, je vous encourage à observer ce que vous ressentez quand vous vous en passez pendant plusieurs semaines.
Loin d’être une privation, se libérer de l’alcool quand on est épileptique, c’est offrir à son cerveau un environnement plus stable, plus calme et plus sain.
En arrêtant l’alcool, vous apaisez non seulement votre système nerveux, mais vous agissez en profondeur sur le terrain, en rendant votre corps moins acide, plus stable, plus serein
L’alcool est un perturbateur déguisé. Il mime la détente, mais il prive le cerveau de ce dont il a le plus besoin : un sommeil profond, réparateur, restaurateur.
Loin d’être un simple plaisir social, l’alcool agit au cœur même du cerveau, sur la chimie, la stabilité et l’inflammation neuronale.
Quand on vit avec l’épilepsie, chaque geste qui protège les neurones est un pas vers plus de stabilité, de clarté, et de mieux-être.
Avec douceur et lucidité, faisons le choix de soigner notre cerveau naturellement. 💜
Pour un cerveau plus calme, un corps plus équilibré, et un terrain plus stable… choisissez des plaisirs naturels et nourrissants 💜
Prenez soin de vous — et de votre système nerveux 💜
Bertilia Correia
Naturopathe spécialisée dans l’accompagnement naturel de l’épilepsie
📖 Pour aller plus loin
Les effets de l’alcool sur l’équilibre nerveux, le sommeil, la digestion et l’acidité sont bien documentés. Voici quelques références si vous souhaitez approfondir :
- Roehrs & Roth, Sleep & Alcohol, 2001
- Chastain, Alcohol & Neurotransmitters, 2006
- Samokhvalov, Alcohol and Risk of Epilepsy, 2010
- Bode & Bode, Alcohol and Digestion, 1997
- Galland, Microbiome and Brain, 2010
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